Pouvez-vous nous décrire le projet Transcendées, acronyme de “TRAduire en Narratifs les SCENarios ruraux et agricoles de Demain : Étude académique, Expression artistique et Scolaire” ?
Le point de départ de Transcendées est le constat d’une multiplication des scénarios relatifs aux futurs des territoires ruraux. Ces scénarios sont produits directement par la région Bretagne ou par son Conseil économique, social et environnemental (CESER), mais aussi par la Chambre d’agriculture ou encore la recherche scientifique – notamment au laboratoire Littoral, Environnement, Télédétection, Géomatique (LETG). Malheureusement, il est rare que ces scénarios soient facilement appropriables et transmis aux acteurs et actrices du monde agricole, qui sont pourtant les principaux concernés. Transcendées vise donc à favoriser l’appropriation des scénarios par les agriculteurs et agricultrices au moyen d’une approche artistique, plus incarnée, tangible, qui permet aussi de remettre en question les limites de l’exercice prospectif.
Pouvez-vous nous décrire en quelques lignes les différents partenaires impliqués dans le projet et leur activité au sein du projet ?
Transcendées permet aussi la rencontre de trois structures complémentaires et qui pourtant ne se connaissaient pas encore très bien… Timothée Fouqueray et Thomas Houet, du laboratoire LETG (CNRS-Rennes 2), y côtoient Fabienne Quéméneur et Marie Audran de la fabrique d’art et de rencontre Au bout du plongeoir (au domaine de Tizé). Maud Marguet et Christophe Sartin des Chambres d’agriculture de Bretagne viennent compléter l’équipe.
Quelles sont les différentes étapes du projet, et où en êtes-vous aujourd'hui ?
Transcendées reste un projet exploratoire, dont l’ambition est avant tout de faire la preuve de concept qu’une approche “classique”, textuelle des scénarios a tout à gagner de sa réinterprétation artistique (par la cartographie sensible, la chorégraphie, la performance théâtrale, la photographie, …). À ce jour, une première ébauche d’un atelier de rencontre entre l’univers académique, agricole et artistique est prête à être déployée, vraisemblablement au printemps 2025. Il s’agit désormais de concilier les calendriers et les impératifs professionnels des un·es et des autres (contraintes des travaux agricoles ou précarité des contrats académiques par exemple).
Le projet TISSAGE a pour objectif de favoriser les rencontres entre les citoyen·nes, les chercheur·ses et les décideur·ses. Quel est l'impact souhaité du projet pour la société civile ?
Les manifestations des agriculteurs et agricultrices de ce début d’année ont rappelé les attentes paradoxales pesant sur l’activité agricole, notamment sur les plans économique et environnemental. Cette dissonance résulte entre autres d’un éloignement progressif de nombreux consommateurs et consommatrices du monde agricole. Réduire cette distance nécessite certes de faire appel à des supports rationnels, expliquant la complexité de la situation agricole. Mais nous parions plutôt, avec Transcendées, sur la force de l’expression artistique. Celle-ci permet d’illustrer, et surtout de se réapproprier, les scénarios d’une agriculture de demain où les liens entre monde agricole et société civile ne seront pas seulement vécus par une transaction marchande.
En quoi ce projet est-il innovant ?
L’innovation réside ici dans le fait de porter un regard neuf, par l’art et par le monde agricole, sur des scénarios agricoles dont on oublie parfois trop vite les conséquences visibles, sensibles sur le monde de demain. Et puis, de nombreuses innovations arrivent chemin faisant… Gardez un œil sur le projet, vous en saurez plus sur les fruits qu’il porte une fois sa maturation accomplie !